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Noël, communauté et rassemblement

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 CAROLLE-ANNE DESSUREAULT  Pour moi, Noël représente le rassemblement. Même si cette fête a son côté mercantile et superficiel, il n’en reste pas moins que c’est la fête de l’amour. Il y a dans la fête de Noël une dimension universelle qui nous rejoint profondément.

Sans doute, direz-vous qu’en ces temps que nous vivons, bien des choses vont de travers et que le rassemblement n’est pas au menu du jour, ni même à l’amour. Quand on pense à l’affaire Turcotte, à la tuerie des enfants au Connecticut, à la pauvreté, aux sans-abris alors que des familles sociétaires vivent sur des milliards de dollars, aux écarts indécents qui font grincer des dents, aux personnes seules, aux monoparentales pour qui la venue de Noël est un casse-tête pour le budget, aux malades, aux bandits corrompus de la ville en habit et cravate …

J’avais commencé cet article en décrivant l’évolution du sens de Noël dans ma vie, je le ferai très brièvement. Enfant, Noël était une fête excitante, avec lumières et musique avec la joie de recevoir des cadeaux et de retrouver les cousins et cousines chez les grands-parents. Plus tard, mère de deux filles, ma joie fut de leur procurer de la magie. Avec le temps, l’aspect intérieur et mystérieux de cette fête se déployait en moi comprenant que l’essentiel était de donner le meilleur de ce que je suis. Pas seulement à Noël, mais tout le temps, si possible. Au fil des ans, il y eut quelques Noëls passés dans le service. Ce furent les plus beaux. Bercer un enfant ouvert au moindre signe d’affection, parce que privé de tout; serrer la main d’une vieille femme qui attend le trépas et lire dans ses yeux vitreux une lucidité qu’elle ne peut dévoiler; accepter son sourire comme un cadeau. Je m’arrêterai ici, car il y a infiniment plus important et urgent à mettre en relief : LES ENFANTS SANS FAMILLE.

Le plus grand manque, ne plus avoir de famille

Seulement au Québec, en une année, les DPJ (directions de la protection de la jeunesse) ont traité près de 80 000 signalements, ce qui signifie une moyenne quotidienne de 210 signalements. Les plus gros segments s’adressent aux motifs de négligence (36 %) et les abus physiques ou risques d’abus (28 %).

La Fondation des Centres de Jeunesse en accueillent un grand nombre chaque année. Environ 1 200 trouvent des foyers d’accueil, pour les autres, ils vivent dans des centres de jeunesse. Ils ne sont pas seuls physiquement, mais seuls sans famille, abandonnés et blessés. Un Centre de jeunesse, c’est mieux que rien, mais ce n’est pas une maison familiale, c’est une prison pour les enfants, toujours en attente de voir revenir leurs parents ou d’être accueillis ailleurs. La plus grande solitude, c’est être sans famille. Plusieurs font des fugues à répétition.

René Lévesque disait que tout homme pour se sentir solide avait droit à un pays. Ajoutons que tout enfant pour s’épanouir a besoin de l’amour de ses parents.

Le journaliste Harold Gagné a présenté à TVA des entretiens qu’il a eus avec plusieurs de ces enfants. Il a aussi écrit un livre À quoi ça sert de grandir (histoire d’enfants de la DPJ et des services sociaux).

Tous les enfants rencontrés ont affirmé que leur plus grand désir était de retrouver leur famille. Surtout, ils aimeraient tellement que leurs parents les aiment. Même après avoir été maltraités, négligés et abandonnés, ils continuent à aimer … l’amour est un moteur de vie difficile à éteindre,  qui n’a rien à voir avec les raisonnements intellectuels.

Certains enfants continuent à voir leurs parents, sporadiquement, une fois par mois ou deux, selon les cas, et aussi selon la volonté des parents. Pour d’autres, c’est plus rare.

Il y a le cas d’un jeune garçon de quinze ans qui n’a pas vu sa mère depuis cinq ans. Il n’est pas exagéré de dire qu’il a vécu une vie de chien, avant d’être placé à la DPJ à l’âge de deux ans, on l’enfermait avec des chiens qui le mordaient …

Ces enfants sans famille rêvent aussi de recevoir des cadeaux. Bien souvent, leurs rêves sont au-dessus de la réalité puisque le budget des Centres de jeunesse n’est que de 20 $ à 25 $ par enfant, par année.

Non seulement ces enfants sont isolés de leur famille, mais ils ont souvent souffert d’abus sexuels, physiques et psychologiques.

Le rassemblement, une affaire de société

En attendant que le gouvernement se sensibilise à cette réalité et décide d’investir des sommes plus substantielles auprès d’enfants et de parents en difficulté, en attendant, le fardeau repose sur la générosité de la communauté.

Harold Gagné, auteur du livre ci-dessus mentionné, a découvert que beaucoup de ces enfants font preuve de résilience, et présentent des chances de s’en sortir.

L’important, c’est l’amour. D’en recevoir. De savoir que des gens qu’on ne connaît pas sont concernés par notre état peut aider psychologiquement ces êtres à traverser les dures épreuves qu’ils connaissent depuis leur plus jeune âge, des fardeaux trop lourds pour une seule personne.

Les dons iront à la Fondation des Centres de Jeunesse et s’appliqueront dans la région du donateur.

Si le cœur vous en dit, les dons peuvent être faits par téléphone ou par internet :

            Téléphone 1-888-593-2676

            Internet www.fondationcjm.ca

Il n’en reste pas moins que Noël approche, et que je vous souhaite, chers lecteurs, un Noël rempli de paix et d’amour.

Carolle Anne Dessureault

 

 


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